Pourquoi célébrer le Pride Month en entreprise ? 

Pourquoi célébrer le Pride Month en entreprise ? 

En juin, se tient chaque année le Pride Month. Ce mois dédié aux fiertés est aujourd’hui de plus en plus célébré au sein des entreprises françaises qui saisissent l’occasion pour mettre en avant les droits des personnes LGBTQI +. Quelles actions y sont mises en place ? Pour quels résultats ?

Par Léa Taïeb

Qu’est-ce que le Pride Month ? 

L’origine de ce mois consacré aux droits de la communauté LGBTQI+ vient des États-Unis. En 1969, un groupe de personnes LGBT est réuni dans un bar de New York, le Stonewall Inn. Soudain, des policiers débarquent pour mettre fin à une situation qu’ils jugent illégale. Face à cet assaut, les client·e·s du bar résistent ardemment, plusieurs jours durant. Ces émeutes donnent naissance à la première marche des Fiertés organisée en juin 1970 à New York.

En 2022, la marche des Fiertés est encore d’actualité : la LGBTphobie est toujours présente dans nos sociétés, ainsi qu’au sein des entreprises.

Pourquoi les entreprises célèbrent-elles cet événement ? 

L’entreprise est à l’image de la société : elle peut être le lieu de violences LGBTphobes. Pour promouvoir l’inclusion des personnes LGBTQI+ et lutter contre les discriminations, de plus en plus de sociétés mettent en place des actions durant le mois des Fiertés. 

« Tout au long de l’année, nous travaillons pour que le sujet de l’inclusion des LGBTQI+ soit une priorité et pas seulement au moment des événements marquants. Ce mois nous donne l’opportunité de mettre sur le devant de la scène les sujets LGBTQI +», confie Thomas Delano, directeur associé au BCG et responsable du réseau LGBTQI+, Pride@BCG. 

Durant cette période, les médias accordent une attention particulière à la communauté LGBTQI+. « C’est un mois médiatiquement plus intense », observe Caroline Courtin, responsable Diversité, Égalité et Inclusion de BNP Paribas. Et de poursuivre : « l’actualité nous permet de rebondir plus facilement, d’avoir encore plus l’attention de nos collaborateurs et collaboratrices ». 

Comme beaucoup d’entreprises, ce temps fort dans le calendrier, est un plus. « Nos actions ne se concentrent pas sur un mois. Elles se vivent au quotidien et tout au long de l’année », précise Sébastien Legouez, membre du réseau Pride France, BNP Paribas (réseau LGBTQI+ & allié·e·e). L’établissement bancaire organise très régulièrement des événements sur le sujet comme des conférences réunissant tous les réseaux Pride présents dans le monde. 

En pratique, comment ça se passe ? 

Au BCG, le mois des fiertés se concentre sur une semaine et se compose d’événements festifs, de conférences, de newsletters facilitant la sensibilisation des collaborateurs. « Nous préférons mettre en place des événements fédérateurs plutôt que d’imposer une formation à l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices. Cela a davantage d’impact sur le long terme », estime Thomas Delano.

Au sein du cabinet de conseil Accenture, les équipes Inclusion et Diversité préparent l’événement en lien avec les membres du réseau LGBTQI+ du groupe. Ce mois sert également à réaffirmer les engagements qui sont déjà affirmés tout au long de l’année mais de façon plus diffuse. Pour susciter l’attention des salarié·e·s, chaque année, une nouvelle thématique est explorée. « Cette année, nous allons réfléchir à l’inclusion des femmes lesbiennes et transgenres au sein de l’entreprise », informe Elodie Paris, responsable Inclusion et Diversité chez Accenture France. Le groupe prépare plusieurs temps forts : une table-ronde réunissant une personne concernée par le sujet, un·e représentant·e d’une entreprise cliente et un·e expert·e de la thématique abordée. « Nous organisons, entre autres, des moments ludiques pour toucher, sensibiliser un maximum de monde sur les actions mises en place dans l’entreprise », explique Elodie Paris. Et d’ajouter : « j’ai le sentiment que nos collaborateurs et collaboratrices attendent que l’on marque ce moment, comme on marque le 8 mars (journée internationale des droits des femmes) ». 

« En 2020, nous avons demandé à l’ensemble des membres LGBTQIA+ ou allié·e·s des 29 pays dans lesquels le réseau est actif de prendre une photo d’elleux portant l’une des couleurs de l’arc-en-ciel. Nous avons réuni toutes ces couleurs pour former une mosaïque aux couleurs du drapeau LGBTQI+ », rapporte fièrement Sébastien Legouez. 

BNP Paribas soigne également sa communication à l’externe. A l’occasion du Pride Month, le logo de la banque se transforme pour porter les couleurs de l’arc-en-ciel. En 2021, BNP Paribas a également lancé l’option « À chacun son image », qui permet aux client·e·s qui le souhaitent de disposer d’une carte bancaire au visuel LGBT+ et dont la cotisation annuelle est entièrement reversée à SOS Homophobie. 

Tout comme BNP Paribas qui communique sur ses engagements pro-LGBTQI+ auprès du grand public, Uber a saisi l’occasion du mois des Fiertés pour lancer une plateforme pour mieux appréhender le sujet de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité de genre. L’application a également lancé une campagne de communication digitale pour sensibiliser ses utilisateurs et utilisatrices comme ses chauffeurs. Comme toutes les entreprises mentionnées dans cet article, Uber s’engage toute l’année. Elle travaille notamment avec SOS homophobie pour former ses équipes supports pour sensibilisation à travers des vidéos ou un podcast diffusé sur Spotify dont l’objectif est de « réaffirmer notre refus de toute discrimination ».

Quel est l’impact de ces différentes actions ?

Difficile de mesurer l’impact du Pride Month sur les mentalités des salarié·e·s d’une entreprise. Peut-il servir à réduire les comportements discriminants ? Peut-il faire disparaître les stéréotypes LGBTphobes ? Ce qui est certain, c’est que le sujet de l’inclusion des personnes LGBTQI+ est de plus en plus visible. 

Mais, les entreprises qui célèbrent le Pride Month ne sont-elles pas des entreprises déjà engagées au quotidien dans la défense des droits des personnes LGBTQI+, des entreprises qui montrent déjà l’exemple? Comment faire pour que les retardataires s’y mettent aussi ? En imposant le mois des fiertés dans toutes les entreprises françaises ?