Votre entreprise s’engage pour l’inclusion des diversités LGBTQI+ et souhaite prendre part à la marche des fiertés 2024. têtu·connect vous livre ce qu’il faut savoir avant de se lancer.
Par Chloé Consigny
Une date « sanctuarisée »
2024 n’est pas une année tout à fait comme les autres. À Paris, la marche des fiertés se tiendra le samedi 29 juin, soit trois semaines avant les Jeux olympiques. Le dernier week-end de juin est une date « sanctuarisée » par la Mairie de Paris, selon les propos de Jean-Luc Romero-Michel, adjoint en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. Si Paris sera en pleins préparatifs de cet événement mondial, rien ne bouge pour la marche : « dans nos échanges avec la mairie de Paris, rien ne change spécifiquement cette année. Le parcours est connu mais n’est pas encore dévoilé », explique James Leperlier, président de l’Inter-LGBT, l’interassociation en charge de l’organisation de la marche parisienne.
Écoresponsabilité
Si rien ne change côté agenda, en revanche, la présence de chars sera soumise à conditions. L’inter LGBT – collectif d’associations qui organise la marche – s’engage sur la voie de la responsabilité environnementale. Ainsi, lors de l’édition 2023, les chars thermiques étaient bannis de la manifestation. Qu’en est-il de l’édition 2024 ? « Cette année les chars de petite taille et éco responsables sont admis à Paris. Des restrictions de taille, de puissance sonore, d’horaire d’arrivée, de zone de démontage, de cordon de sécurité pendant la marche, de distances de sécurité sont à respecter », souligne Julien Plegat, Co-gérant de Magic No Limit, société spécialiste de l’organisation et de la production d’événements.
Les spécificités sont détaillées sur le site de l’inter-LGBT : « le format 2024 autorise le recours aux véhicules légers mutualisés entre plusieurs associations, permettant une accessibilité PMR/ PSH, le transport d’eau et une sonorisation du cortège. Les véhicules autorisés permettront un plateau de 6 mètres pouvant héberger sonorisation et décoration ». Les grands camions sont bannis de la manifestation au profit de camions plus modestes dans un maximum de 8 mètres de long et de quatre mètres de haut. James Leperlier recommande à toutes les associations de prendre connaissance du guide qui leur est adressé au moment de leur inscription. Il met en garde : « les véhicules qui dépasseront la taille imposée seront immobilisés au départ de la marche »
Inscription préalable
Toutes les associations et notamment celles qui émanent d’entreprises, doivent préalablement s’inscrire auprès de l’Inter-LGBT. Les associations entreprises et ERG représentent une minorité des associations présentes : une dizaine sur un total d’environ 90. « Il faut bien avoir à l’esprit que la Marche des Fiertés est une manifestation militante. Nous n’avons pas vocation à être une vitrine pour les marques. Si une entreprise souhaite s’engager sur le long terme, il existe une myriade d’associations auprès desquelles il est possible de s’engager tout au long de l’année », souligne James Leperlier. La participation est payante : 5000 euros par association et 10 000 euros pour une association souhaitant défiler avec un véhicule. Concrètement, l’association entreprise doit au préalable remplir un dossier auprès de l’inter-LGBT qui étudiera si celle-ci est éligible. parmi les critères observés : le réseau doit avoir un historique d’engagement et réaliser des actions concrètes tout au long de l’année.
La période de demande de participation est ouverte du 6 avril au 2 juin en contactant directement la présidence de l’Inter-LGBT.
Mutualisation des chars
Pour les associations entreprises présentes, l’arrêt des chars de grande taille marque la fin d’une ère durant laquelle la visibilité se jouait à coups d’extravagance et de décibels. À tel point qu’en 2022, certaines associations ont décidé de ne pas être présentes à la marche parisienne. C’est le cas de Personn’Ailes, « Association LGBT + et Gay Friendly du Groupe Air France », qui, l’an dernier, était présente à la manifestation nantaise. « Le format de l’édition 2024 donne à réfléchir. La consigne est la mutualisation des chars entre les associations. Chez Air France, nous sommes en pleine réflexion afin d’identifier les meilleurs partenaires possibles », explique Sébastien Corolleur, président et fondateur de l’association. Et d’ajouter : « nous ne lâcherons pas Paris, car Paris est la Marche qui attire le plus de monde, néanmoins, nous sommes de plus en plus présents en province dans des villes telles que Nantes ou Bordeaux ». En 2023, la marche parisienne a totalisé 500 000 personnes, selon les chiffres livrés par l’Inter-LGBT.
Le président fondateur de Personn’Ailes repense néanmoins avec nostalgie à « la grande époque », celle durant laquelle les chars étaient gigantesques. Il se souvient notamment d’une marche parisienne : « nous avions un immense char qui rassemblait le personnel des compagnies Air France KLM, Delta Airlines et Virgin Airlines. Ce véhicule sonorisé pouvait accueillir jusqu’à 90 personnes ».
Moins de visibilité ?
Ce temps est désormais révolu. Les gigantesques chars thermiques qui, jadis, se louaient autour de 50 000 euros ont laissé la place à des camions bien plus modestes. Pour un plateau de 6 mètres, la taille incluant le tracteur est d’environ 8 mètres. Ce type de véhicule peut se louer à partir de 3 000 euros et jusqu’à 15 000 euros pour un char avec un covering entièrement personnalisé, nous explique Emmanuel Scoriel dirigeant de Promethée Concept, loueur de véhicules de référence sur la marche parisienne qui équipe chaque année une vingtaine de camions. « Il est certain que plus vous avez de moyens et plus vous allez gagner en visibilité et en originalité », explique-t-il. Pour James Leperlier, la mutualisation apporte au contraire davantage de visibilité, notamment aux associations entreprises : « Auparavant, les réseaux entreprise étaient en fin de cortège. Ce n’est plus le cas désormais, l’idée étant de se soutenir entre associations ».
Marche engagée à but non lucratif
Les entreprises qui sont présentes à la marche le sont sous la houlette de l’association de l’entreprise : « Il y a rarement mention frontale d’une marque d’entreprise sur un char. Par exemple pour GARE, le char sera décoré au nom de l’association. La mention SNCF sera bien présente, mais de plus petite taille. L’inter-LGBT est très attentive à la présence des marques afin d’éviter le pink washing », conclut Emmanuel Scoriel.