Du 10 au 20 juin 2022 se tiendra AIDES #fetelamour. Un événement 100 % digital destiné à sensibiliser le plus grand nombre au VIH. Un événement nécessaire à l’heure où le nombre de personnes dépistées chaque année en France recule. Le point avec Aurélien Beaucamp, Vice-président de AIDES.
Par Chloé Consigny
AIDES #fetelamour débutera le 10 juin. Il s’agit d’un événement exclusivement en ligne. Pour quelles raisons ?
La première édition de #fetelamour a eu lieu en 2020. C’était au moment du Covid-19. Du fait de la crise sanitaire et des confinements, de nombreux événements physiques n’ont pas eu lieu. Les dîners de collectes, les partenariats avec les entreprises ont dû être annulés. C’est à ce moment-là que nous avons eu l’idée de lancer un événement 100 % digital. Nous poursuivons cet événement qui, au cours des années précédentes, a été un grand succès. AIDES #fetelamour se tiendra en ligne du 10 au 20 juin 2022.
Que propose AIDES #fetelamour ?
Notre ambition, à chaque nouvelle édition, est de parler de l’épidémie tout en insufflant un vent d’optimisme. Chaque année, de nombreux artistes, chanteurs, personnalités prennent part à cet événement. Nous avons eu par exemple Marina Foïs qui a lu des extraits de l’ouvrage d’Hervé Guibert « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie ». Nous avons eu également des petites scènes réalisées par la chanteuse Yseult, l’humoriste Tristan Lopin, la présentatrice Cristina Cordula ou encore par les danseurs de l’Opéra de Paris. A cela s’ajoute les influenceurs qui, à l’occasion de ces dix jours, vont proposer du contenu original dans le cadre de #fetelamour. C’est l’occasion pour eux de solliciter leurs propres abonnés pour parler du VIH. Avec leurs propres mots, ils abordent ce sujet, donnent à voir ce que signifie vivre avec le VIH aujourd’hui et informent sur les modes d’infection et de prévention.
Quel objectif de collecte pour cet événement ? A quoi sont employés les dons ?
Nous avons pour ambition de récolter 300 000 euros de dons. Un objectif qui s’inscrit dans la droite ligne des objectifs de l’ONU 2030 sans SIDA. Concrètement, 300 000 euros, c’est l’équivalent de 1,5 million de rapports protégés. Les dons récoltés vont permettre d’accompagner l’ensemble des actions de l’association AIDES : des opérations d’information et de sensibilisation, mais également le financement des centres de santé sexuelle, les SPOT. Il en existe aujourd’hui quatre en France : à Paris, à Montpellier, à Marseille et à Nice. Ces centres accueillent des populations à risques : travailleurs du sexe, usagers de produits, migrants. Autant de personnes qui ne reçoivent pas toujours un bon accueil au sein des structures médicales classiques. Par ailleurs, AIDES à la spécificité d’être présente sur l’ensemble du territoire français. Nous totalisons aujourd’hui plus de 70 sites en France métropolitaine et en outre-mer, au plus près des populations à risques.
Quelle place des entreprises dans ce dispositif ?
Les entreprises ont toute leur place dans le dispositif #fetelamour. Nous aurons au total plusieurs dizaines d’entreprises partenaires et mécènes. Elles participeront au financement du dispositif, mais également à la communication autour de l’événement. Ainsi, nos entreprises partenaires vont mobiliser leurs réseaux internes et les sensibiliser au VIH.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’épidémie de VIH ?
Les dernières années ont marqué un recul du nombre de personnes dépistées. Ainsi, entre février et avril 2020, le nombre de personnes dépistées en France s’est replié de 50 % et de 30 % sur l’année 2020. Chaque année, en France, ce sont encore 6 000 nouvelles découvertes de séropositivité, tandis que 24 000 personnes en France sont séropositives sans le savoir. Notre rôle est d’accompagner ces personnes vers le dépistage afin de leur permettre de recevoir un traitement. Si l’on baisse les bras, c’est l’épidémie qui revient.
Le sujet du VIH est-il moins adressé ?
En France, la méconnaissance du VIH reste une réalité. Oui, il existe des traitements permettant de vivre avec le virus, pas de l’éliminer. Par ailleurs, beaucoup ignorent encore qu’une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH. Beaucoup pensent d’ailleurs que le sujet du VIH est derrière nous. Par ailleurs, le regard sur les personnes qui vivent avec le VIH n’a pas changé depuis les années 1990. Avec #fetelamour, nous mettons en place de nouveau medium afin toucher davantage de gens sur ce sujet.
La prévention a-t-elle reculé en France ?
Il est vrai qu’il y a moins de prévention faite auprès des jeunes publics actuellement que dans les années 1990 et 2000. Néanmoins, la prévention doit être ciblée. C’est-à-dire qu’elle doit toucher la population à risques. A titre d’exemple, au sein de la population des lesbiennes, le VIH ne circule pas du tout. Il faut donc cibler les actions de prévention auprès des personnes concernées en prêtant attention aux facteurs de vulnérabilité, comme les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les consommateurs de drogues, les populations migrantes, ou encore les travailleurs et les travailleuses du sexe.
Quelle place des entreprises dans le financement des actions de AIDES ?
Celle-ci est en progression, néanmoins, elle reste minoritaire. En effet, actuellement, seul un vingtième de nos financements proviennent des entreprises. La grande majorité des dons proviennent de personnes à titre privé. Le sujet du VIH reste délicat voire tabou au sein des entreprises. Pourtant, je constate que la prévention du VIH et l’accompagnement des personnes séropositives est un sujet de RSE pour les entreprises. Cela participe aux engagements de l’entité en faveur du bien-être des salariés. Les entreprises les plus en avance sur ces sujets l’ont bien compris. Elles se placent d’ailleurs aux côtés d’AIDES et se font l’écho de nos actions.
Consultez le site de l’événement : AIDES fetelamour
A l’occasion du dîner du 2 décembre 2021, têtu·connect et AIDES ont sensibilisé les entreprises sur le thème du VIH au travail, en insistant notamment sur l’importance du dépistage. Cet événement aura de nouveau lieu fin 2022 pour montrer les évolutions et proposer de nouvelles pistes d’action.