Dans la valise d’été de têtu•connect

Dans la valise d’été de têtu•connect

Tout au long de l’année, nous avons la chance de nous nourrir des histoires de celles et ceux qui, au quotidien, s’engagent au sein de leur entreprise. Pour une pause estivale résolument queer, l’équipe têtu•connect a souhaité vous livrer ses pépites culturelles. Des artistes, des auteurs et autrices engagé·es et qui, grâce à leurs œuvres, nous donnent à réfléchir. 

Par la rédaction 

Le choix de Caroline : Un roman graphique – « Ne jamais couler » de Marie de Brauer et Lucymacaroni – Éditions Leduc Graphic 

Œuvre poignante, à la croisée du témoignage, de l’essai et de l’illustration, Ne jamais couler est signée de Marie de Brauer (au texte) et de Lucymacaroni (au dessin). Le roman graphique propose une exploration des violences systémiques subies par les personnes grosses, à travers le prisme de l’intime, du regard des autres et du monde professionnel. 

En toile de fond, une interrogation : que se passe-t-il chez celle ou celui que la société ne définit que par son poids ? La réponse est un constat aussi triste que affligeant. Pour les personnes concernées, ne pas entrer dans la norme implique souvent de rester à la marge et de ne pas s’autoriser à participer à la vie.  

Une œuvre nécessaire qui questionne les injonctions esthétiques dominantes et qui déconstruit les normes imposées aux corps. 

Le propos est politique, doux et rageur à la fois et profondément intersectionnel. Un roman graphique empli de justesse et d’humour, à la fois tendre et acéré à placer entre toutes les mains cet été. 

Ne jamais couler – Marie de Brauer et Lucymacaroni – Editions Leduc Graphic

Retrouvez également Marie de Brauer dans sa chronique sur France Inter. 

Le choix de Guillaume : Une feel good série sur la différence – Overcompensating (Surcompensation) par Bennito Skinner – Amazon Prime 

Bennito Skinner, connu pour ses sketchs sur Instagram sous le pseudonyme Benny Drama, signe avec Overcompensating une série drôle et salvatrice. L’histoire : Benny, un ancien quarterback gay, ancien roi du bal qui n’a pas fait son coming out, se lie d’amitié avec Carmen, une ado marginale et prête à tout pour s’intégrer. Ensemble, ils vont tenter de survivre à la vie à l’Université. Leurs armes ? La solidarité, l’humour, les paillettes, et un soupçon de vodka aromatisée. Une série qui célèbre les alliances inattendues, la tendresse entre ceux qui ne se conforment pas à une norme, tout en refusant la caricature. La série dézingue les stéréotypes genrés avec une légèreté qui fait du bien. 

C’est drôle, touchant et résolument pop. Une série à binge-watcher durant l’été. 

Surcompensation – Amazon Prime 

Le choix de Chloé : le regard d’Edi Dubien 

Nous avons tous et toutes besoin de ce regard. Celui d’un artiste qui, dans un monde de plus en plus normalisant et clivant, célèbre l’altérité et la liberté d’être soi. Dans sa peinture, Edi Dubien crée un univers où l’enfance, le genre, la nature et la résilience dialoguent. L’exposition « S’éclairer sans fin » — au Musée de la Chasse et de la Nature (Paris 3e), prolongée jusqu’au 17 août 2025 — dévoile 200 dessins, peintures, sculptures et installations de l’artiste. Au-delà de ses figures d’enfants androgynes, Edi Dubien utilise sa propre histoire trans comme matériau d’un art fragile mais puissant, où la métamorphose est un chemin vers la liberté. Ici pas de pathos ni de grandes leçons mais une expérience poétique et nourrissante. 

Un hymne à l’amour et à la vie.

« S’éclairer sans fin » — Edi Dubien – Musée de la Chasse et de la Nature (Paris 3e), jusqu’au 17 août 2025 

Le choix de Loïc : Virgin de Lorde, l’album de l’année

Sorti le 27 juin 2025, Virgin est le quatrième album studio de Lorde. Et probablement son plus audacieux. Dès la pochette – une radio de bassin où l’on distingue braguette et stérilet – le ton est donné : ici, tout est frontal, intime, parfois dérangeant, brut et authentique. À 28 ans, la chanteuse néo-zélandaise révélée à 17 ans avec le tube « Royals » (suivi de « Team », « Green Light » ou « Solar Power » n’a de cesse d’explorer les marges. En onze titres tendus et introspectifs, elle revient à l’électro pour mieux fouiller son identité. Elle y évoque le corps, le deuil, la fluidité, et sa part masculine qu’elle n’a jamais cessé d’explorer.
Solaire, spirituel, brut, Virgin s’écoute comme une confession pop. Un album de l’été, certes, mais à écouter dans la durée.

Virgin – Lorde