2023 : une année tout en contrastes : entre repli sur soi et avancées sociétales

2023 : une année tout en contrastes : entre repli sur soi et avancées sociétales

L’année 2023 aura été marquée par une progression des LGBTphobies en France. Sujet hautement sociétal, la lutte contre les discriminations se déploie progressivement au sein des organisations. Ainsi, l’année 2023 a vu poindre de nouvelles avancées sur le front de la diversité et de l’inclusion en entreprises. têtu·connect vous livre ici les chiffres clés de l’année. 

Par Chloé Consigny

10 % de la population française est LGBTQI + 

Parue en juin 2023, l’étude « LGBT Pride en 2023 » livre les résultats d’une enquête menée auprès de 22 514 adultes dans 30 pays. Si, au global, 10 % de la population française s’identifie comme personne LGBTQI + en France en 2023, ce chiffre recouvre d’importantes disparités : 4 % des baby-boomers s’identifient comme LGBTQI+, contre 18 % des Gen Z. Autre constat de l’étude : la visibilité des personnes LGBTQI + s’est accrue au cours des deux dernières années. En moyenne, dans tous les pays interrogés, 47% des répondants déclarent avoir un parent, un ami ou un·e collègue homesexuel·le, soit une hausse de 5 points depuis 2021. Par ailleurs, 26% des sondés (+2 points) déclarent connaître une personne bisexuelle, 13% (+3 points) une personne transgenre, et 12% (+3 points) une personne non binaire ou gender-fluid.

Étude IPSOS « LGBT Pride 2023 »

Une vigilance accrue

En France, les actes LGBTphobes sont en augmentation. Selon les chiffres du rapport 2023 livré par SOS Homophobie, les témoignages d’agressions physiques LGBTphobies ont progressé de 28 % au cours de l’année. Si les hommes gays représentent toujours une majorité des victimes (64% des témoignages et 68% des agressions), les témoignages d’actes de transphobie ont augmenté en un an de 27% et ceux de lesbophobie de 14%. Un autre rapport, réalisé par l’Observatoire LGBT de la Fondation Jean-Jaurès et baptisé « La haine anti-LGBT en France, instantanés de l’application FLAG en 2022 », analyse les signalements opérés auprès de l’application FLAG ! Sur un an, le nombre de signalements progresse de 54 %, tandis que dans le même temps, la part des témoins augmente. Ceux-ci sont à l’origine de 1270 signalements, soit 71 % du total. Conséquemment, les victimes ne sont à l’origine que de 29 % des signalements.

Un quart des salariés dit avoir déjà été victime de discrimination sur son lieu de travail

C’est ce que révèle une étude menée par OpinionWay pour Apicil en mars 2023. Parmi les motifs de discrimination : l’âge, l’origine, la religion, le genre, l’orientation affective ou encore l’apparence physique. Une autre étude, menée par Adecco et Ipsos, révèle que la moitié des recruteurs considère que l’apparence physique est le critère de discrimination le plus courant. 

Avant même de rencontrer les candidat·es, pour les recruteurs, l’origine est le premier critère de discrimination à l’embauche (pour 64 % des interrogés), suivi par l’âge (44 %), le handicap (34 %), le sexe (30 %) et les convictions religieuses (27 %).

Peu de rôles modèles au sein des Comex du Nasdaq 

A l’heure actuelle, seuls 1,2 % des 23 958 sièges des comités exécutifs d’entreprises du Nasdaq sont occupés par des personnes ouvertement LGBTQI +. Un chiffre à mettre en regard des 10 % de personnes LGBTQI+ au sein de la population globale. Dans le détail, 25 % des sièges du Comex des entreprises du Nasdaq sont occupés par des femmes, 9 % par des asiatiques, 4,3 % par des afro-américains et 2,3 % par des latinos. Les hommes cis occupent 72 % des sièges. 

Consulter ici l’étude menée par LGBTQ+ Corporate Directors 

De la lutte à l’engagement 

Pour leur étude « Discriminations en France », Diversidays et Google ont réalisé l’analyse de l’évolution des recherches sur Internet au cours des cinq dernières années. Parmi les constats de l’étude : l’écart se creuse dans les recherches : ainsi en 2017, l’occurrence de la recherche « lutte contre le sexisme » était supérieure à celle de la « lutte en faveur du féminisme ». Un rapport qui s’est inversé en 2022, signe « d’un passage de la lutte à celui d’une action favorable et du mouvement vers un monde reflet de ses valeurs », analyse l’étude. 

Nouvelles interrogations

La même étude constate que la thématique LGBTQI + est en forte croissance sur Google, tandis que les requêtes autour du mot « inclusion » progressent. Dans le même temps, les recherches incluant le terme « normal » ont augmenté de +70% en France au cours des cinq dernières années. Cela laisse à penser que, bien que les internautes affirment de façon croissante leurs identités, ils restent à la recherche de standards auxquels se comparer. 

« Travailler mieux » mais « pas plus »

Le baromètre « les jeunes et l’entreprise », réalisé par BVA Xsigbt pour la fondation Jean Jaurès et Macif analyse les aspirations des jeunes générations pour leur vie professionnelle. En 2024, les 18-24 ans estiment que l’un des rôles principaux de l’entreprise est d’être utile à la société : ils sont désormais 41 % à considérer cela comme une priorité, contre 37 % en 2021.  Ce rôle sociétal de l’entreprise doit se traduire en actions concrètes : 27 % des 18–24 ans estiment que la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes est un sujet dont l’entreprise doit s’emparer. Enfin, la moitié des 18–24 ans estime sa préférence à rejoindre une « entreprise française » ou locale plutôt qu’une entreprise étrangère.